Incendie de forêt à Salmon Arm - L'importance de la collectivité

Par Mike, Jane, Megan et Jessica

Ma famille a connu le feu de forêt de Salmon Arm, en Colombie-Britannique, en 1998. Ce que je retiendrai surtout de cet événement, c'est le fascinant spectacle malsain que nous offrait, des premières lueurs de l'aube à la tombée de la nuit, l'incessante noria diurne des bombardiers d'eau et des hélicoptères ainsi que l'incendie, de l'autre côté du mont Ida, qui éclairait la nuit.

Quand l'avis d'évacuation a été émis, je suis allé faire le plein de la voiture, comme l'on fait la plupart des autres résidents, pour m'assurer que nous pourrions au moins nous déplacer. Je me trouvais à la station à essence de la coop, en haut de la 1-Est, quand j'ai vu le feu franchir la crête du mont Ida et commencer à descendre le flanc de la montagne de l'autre côté... vers la ville. Une seule pensée m'a alors obsédé : rentrer à la maison, faire monter tout le monde dans la voiture et aller mettre ma famille en sécurité. En moins d'une seconde, j'étais passé de la situation de spectateur ébahi à celle de quelqu'un qui sent sa vie menacée. Au sommet du mont Ida, les flammes formaient d'énormes volutes qui s'élevaient vers le ciel comme pour le caresser. Des langues de feu plongeaient vers la ville.

Après mon arrivée à la maison, nous avons chargé la jeep avec le maximum d'articles importants. C'est à ce moment-là que la GRC et les Forces armées canadiennes sont arrivées dans le voisinage pour nous prévenir de l'évacuation imminente et nous remettre des cartes indiquant le trajet qu'il nous faudrait suivre. Nous allions découvrir plus tard que nous étions le quatrième secteur à être évacué selon le plan qui avait été établi, mais nous avons été le seul à ne pas devoir le faire.

Nous avons vécu des moments très intéressants, parce qu'ils ont contraint notre famille à décider de ce qui était important et de ce que nous allions pouvoir laisser derrière. Dans notre cour arrière, nous avions accueilli des animaux de ferme, comme des poulets, que nous avaient confié des d'amis résidant sur le mont Ida qui avaient été évacués quelques jours plus tôt.

Nous avons donc décidé que les poulets resteraient derrière et devraient se débrouiller. Nous avons commencé par charger nos photos, nos souvenirs et une trousse de survie en cas de tremblement de terre. Puis, est venu le temps de faire des choix... Je dois reconnaître que, quand nous avons déchargé la voiture une fois l'urgence passée, nous avons bien ri en nous demandant, par exemple, par quel hasard que mes bâtons de golf s'étaient retrouvés sous les boîtes de photos.

L'odeur âcre de la fumée épaisse était omniprésente et des tisons et de la cendre tombaient un peu partout autour de nous. J'avais rangé mon barbecue et les bonbonnes de gaz du bateau sous le patio pour qu'aucun tison ne risque de les embraser.

Le lendemain, nous avons trouvé la journée éprouvante parce que notre résidence était pile dans l'axe d'approche des hélicoptères et des bombardiers d'eau qui se ravitaillaient maintenant dans le lac Shuswap. J'ai maintenant une petite idée de ce que ressentaient les Vietnamiens qui étaient constamment survolés par des hélicoptères et des bombardiers. Ce jour-là, l'énorme bombardier d'eau Mars Martin a survolé notre maison à 10 reprises au moins. Parfois, je pouvais même apercevoir la silhouette des pilotes.

Nous nous sommes portés volontaires pour aider l'Armée du Salut à distribuer de la nourriture et de l'eau sur les premières lignes des opérations de lutte contre l'incendie. Cela illustre bien l'importance de l'Armée du Salut. Celle-ci était active, jour et nuit, avec des cuisines roulantes, de la nourriture, de l'eau et tout le soutien nécessaire. C'était très impressionnant à voir.

À un moment donné, on nous a demandé d'aller prendre des cafés et des casse-croûte au café-restaurant du coin (qui ne nous a jamais rien fait payer pendant tout l'événement), pour les distribuer aux agents de la GRC qui gardaient les axes routiers autour des parties de la ville qui avaient été évacuées. Quelle ne fut pas notre surprise à notre arrivée au café-restaurant en voyant que les Forces armées canadiennes étaient là, qu'elles étaient en train de se regrouper dans le stationnement d'en face, en uniforme et en armes. D'un seul coup, tout est devenu très réel.

Nous avons eu besoin de répulsif à moustiques pour les pompiers, de glacières pour entreposer des glaçons et de réfrigérateurs pour conserver au frais de l'eau et des jus au camp de base. Les commerçants locaux nous ont donné tout ce dont nous avions besoin, sans exiger un sou. Un magasin a dû nous remettre au moins cinq ou six mille dollars de matériel. GRATUITEMENT! D'autres magasins nous ont donné non seulement du répulsif à moustiques, mais aussi des pansements, des trousses contre des morsures d'insectes, de l'aspirine, du Tylénol et ainsi de suite. C'était très impressionnant.

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